L’EBITDA est de loin l’indicateur le plus utilisé en finance.

Les banquiers d’affaires, les fonds private equity, les banquiers prêteurs, les autres créanciers, les fonds de private debt, les comptables, les auditeurs, les directeurs financiers, etc. Absolument tous les acteurs de la finance utilisent l’EBITDA.

Il est utilisé dans presque tous les secteurs du secteur auto à la pharma en passant par la food ou l’entertainment, l’EBITDA est l’indicateur qui permet par son universalité de comparer.

Dans à peu près tout ce qui se rapproche de près ou de loin à la finance, vous allez entendre parler d’EBITDA : valorisation, financement, comparaison de taille de société, de rentabilité, etc. 

Peu d’indicateurs font l’unanimité comme l’EBITDA. C’est la première pierre à poser dans votre forteresse de connaissance. 

Qu’est-ce que l’EBITDA ?

Définition de l’EBITDA

L'EBITDA est un indicateur financier anglo-saxon (aujourd’hui utilisé de manière universelle) qui correspond approximativement à un excédent brut d'exploitation (EBE) français.

Il est utilisé pour mesurer la performance opérationnelle et la rentabilité d'une entreprise sans prendre en compte les effets de sa structure de financement, des régimes fiscaux, ainsi que des dépenses non monétaires comme les dépréciations et les amortissements.

En d'autres termes, l'EBITDA montre combien une entreprise a gagné à partir de ses opérations commerciales principales, avant d'être influencé par des décisions de financement, des règles fiscales, et d'autres éléments comptables qui peuvent varier beaucoup d'une entreprise à l'autre. 

Cela aide les investisseurs et les analystes à comparer la performance de base entre différentes entreprises ou sur différentes périodes pour la même entreprise.

Comment calculer l’EBITDA ?

Formule de l’EBITDA

Il existe deux choix, soit partir du chiffre d’affaires et déduire les différents éléments qui donneront l’EBITDA soit partir de la méthode additive.

Pourtant il n’existe pas à proprement parler de formule officielle de l’EBITDA.

Bien que calculé par tous, il n’est pas un solde intermédiaire de gestion de la comptabilité comme peut l’être le chiffre d’affaires, le résultat opérationnel (EBIT) ou le résultat net

Il n’y a donc pas d’audit officiel permettant de définir un chiffre incontestable d’EBITDA. 

Cependant voici un calcul communément admis à quelques ajustements et retraitements près : 

Méthode soustractive

Comment calculer l'EBITDA : méthode soustractive
  • Chiffre d'affaires : les revenus totaux générés par l'entreprise.

  • COGS (Cost of Goods Sold) : le coût direct des marchandises vendues par l'entreprise, qui inclut la production ou l'achat des biens vendus.

  • SG&A (Selling, General & Administrative Expenses) : les dépenses de vente, générales et administratives, qui englobent les coûts liés aux activités commerciales, administratives et de gestion.

  • Autres charges opérationnelles : Toutes autres dépenses opérationnelles qui ne sont ni classées dans les COGS ni dans les SG&A.

Méthode additive 

Comment calculer l'EBITDA : méthode additive
  • Résultat Net : c'est le revenu de l'entreprise après tous les coûts, dépenses, et impôts.

  • Intérêts : ce sont les charges financières liées aux dettes de l'entreprise.

  • Impôts : cela représente les taxes payées par l'entreprise.

  • D&A : "Dépréciation et amortissement", qui sont les ajustements comptables pour la perte de valeur des actifs physiques et immatériels.

Exemple de calcul d’EBITDA

Détails des Coûts pour l'Entreprise

  • Chiffre d'affaires : 100
  • COGS : 50
  • SG&A : 20
  • Autres charges opérationnelles : 8
  • Résultat Net : 6
  • Intérêts : 4
  • Impôts : 2
  • Dépréciation et Amortissement (D&A) : 10

Méthode soustractive

  • COGS : -50
  • SG&A : -20
  • Autres charges opérationnelles : -8
  • Total charges opérationnelles = -78
Exemple calcul EBITDA méthode soustractive

Méthode additive 

Exemple calcul EBITDA méthode additive

Utilité de l’EBITDA

Comment interpréter l’EBITDA ? 

Un indicateur qui fait l’unanimité

L’EBITDA est un indicateur privilégié pour plusieurs raisons, en voici 3 principales :

  1. Vision globale de la rentabilité : l’EBITDA donne une vision à la fois sur les revenus et les niveaux de marges. Si une société a une marge d’EBITDA de 10%, alors en connaissant l’EBITDA, vous connaissez son chiffre d’affaires et la rentabilité de la société. 

  2. Indicateur commun pour les investisseurs : l’EBITDA et l’EBIT sont les derniers indicateurs de performance (rentabilité) qui concernent tous les pourvoyeurs de capital (dette et equity). En effet, ces deux indicateurs permettent de payer les créanciers (remboursement de dettes et paiement des intérêts) et les actionnaires (dividendes). 

  3. Neutralité vis-à-vis des choix comptables et financiers : enfin, il ne dépend pas de la politique de financement ou de comptabilité contrairement à l’EBIT ou l’EBT. 

    • Cas de l’EBIT : Si une société immobilise des actifs pour 7 ans au lieu de 5, alors les D&A sont plus ou moins importants et l’EBIT s’en trouve impacté. L’EBITDA n’a pas ce problème. 

    • Cas de l’EBT De la même manière, si vous comparez deux sociétés qui ne sont pas leveragées de la même façon, l’EBT changera tandis que l’EBITDA restera le même.

Les différentes utilisations de l’EBITDA

L’indicateur le plus regardé pour la valorisation 

Vous allez passer votre temps à entendre que telle société est valorisée 8.1x EBITDA que telle autre est valorisé 6.7x. 

Il suffit de s’accorder sur un EBITDA et avoir des références de marché pour être capable d’approcher de plus ou moins la valorisation d’une société dans une certaine industrie. 

Il est donc extrêmement pratique pour avoir des ordres de grandeur. 

Pour vous donner un ordre de grandeur sur les différents marchés, vous pouvez retrouvez ici les niveaux de valorisation sur différents marchés.

Un indicateur de niveau d’endettement

S’il sert à des fins d’estimation de la valeur d’entreprise, il sert également à estimer les niveaux d’endettement. 

Les packages de dette sont généralement exprimés en nombre de fois l’EBITDA. Par exemple, un package de dette Senior B, avec un levier de 4x EBITDA. 

Selon les secteurs et de la même manière que pour la valorisation, on peut savoir jusqu’à quels niveaux une société peut s’endetter. 

Les différents types d’EBITDA

EBITDA comptable

L'EBITDA comptable est calculé selon les principes comptables généralement reconnus (GAAP ou IFRS) et représente une mesure de la rentabilité opérationnelle brute avant l'effet des décisions de financement, des impôts, et des charges non monétaires.

EBITDA cash

L'EBITDA cash (ou EBITDA de trésorerie) mesure la génération de trésorerie opérationnelle de l'entreprise avant les impacts de la structure financière, des impôts et des éléments non monétaires comme la dépréciation et l'amortissement.

C'est un indicateur important pour les investisseurs et les prêteurs car il montre combien de liquidités l'entreprise génère de ses activités opérationnelles, ce qui est crucial pour évaluer sa capacité à rembourser ses dettes et à financer ses opérations sans recourir à des financements externes.

EBITDA retraité et Quality of Earnings 
Définition

L'EBITDA retraité, souvent utilisé dans l'évaluation d'entreprise et les due diligences, est une version ajustée de l'EBITDA qui exclut les éléments non récurrents, exceptionnels ou non liés à l'activité opérationnelle courante de l'entreprise. 

Le but est de fournir une mesure plus précise et représentative de la performance opérationnelle sous-jacente et de la capacité générative de cash flow.

Pourquoi ajuster l'EBITDA ?
  • Non-Récurrents : retrait des revenus et des dépenses qui ne sont pas attendus de se reproduire dans le futur, comme les profits ou pertes sur la vente d'actifs.

  • Exceptionnels : exclusion des coûts ou des revenus extraordinaires, comme ceux dus à des désastres naturels ou des réorganisations majeures.

  • Normalisation : ajustements pour des pratiques comptables divergentes entre les entreprises qui peuvent fausser les comparaisons directes.

Lien entre EBITDA retraité et Quality of Earnings

L'EBITDA retraité et le Quality of Earnings sont deux concepts étroitement liés, souvent utilisés conjointement lors des évaluations d'entreprise pour s'assurer que les mesures financières reflètent fidèlement la capacité de génération de revenus de l'entreprise :

  • Quality of Earnings offre une vue profonde sur la "qualité" ou la durabilité des bénéfices.

  • EBITDA retraité fournit une base ajustée pour comparer la performance opérationnelle sans les effets de facteurs exceptionnels ou non récurrents.

En résumé, ces outils sont cruciaux pour les investisseurs, les analystes et les acheteurs potentiels d'entreprises pour évaluer la valeur réelle et la stabilité financière d'une entreprise au-delà des chiffres présentés dans les états financiers standards. 

Ils aident à comprendre non seulement ce que l'entreprise a réalisé, mais aussi à prédire ce qu'elle est capable de générer à l'avenir.

Tableau récapitulatif
Comparaison entre EBITDA Cash, EBITDA Comptable, EBITDA retraité

Limites de l'EBITDA

L'EBITDA, un indicateur largement utilisé pour évaluer la performance financière d'une entreprise, présente plusieurs avantages. Mais comme tout outil et indicateur, l’EBITDA connaît certaines limites

Un indicateur sujet à discussion 

Il n’existe pas de consensus officiel sur ce que contient l’EBITDA. Il existe en effet différents EBITDA : comptable, retraité, cash ce qui accentue les difficultés. 

Ainsi, dans une transaction par exemple, il peut y avoir des différences significatives entre un conseil vendeur et un conseil acheteur sur l’EBITDA de l’entreprise. 

L’EBITDA est donc un indicateur qui reste sujet à discussion et n’est obtenu dans une transaction qu’au prix de nombreuses discussions et ajustements entre les différents parties en jeu. 

BFR et flux de trésorerie

L'EBITDA n'est pas un indicateur de flux de trésorerie car il ignore les dépenses en capital et les variations du besoin en fonds de roulement (BFR), qui sont des composants critiques des flux de trésorerie réels.

En effet, un besoin en fonds de roulement croissant peut indiquer que l'entreprise investit plus dans ses opérations courantes, ce qui peut réduire la trésorerie disponible.

La vision “cash” est donc primordiale en complément de l’EBITDA. Plus communément, on regarde comment l’on passe à l’EBITDA au free cash flow post investissement

Risque de Manipulation

L'EBITDA peut être facilement manipulé par des pratiques comptables agressives. Par exemple, les entreprises peuvent retarder certaines dépenses ou changer la classification de certains coûts pour gonfler artificiellement l'EBITDA.

L’EBITDA doit être complété par d’autres indicateurs qui viennent en complément pour avoir une vision de la société. Généralement, il faut avoir une vision sur la cash conversion (la capacité d’une entreprise à convertir l’EBITDA en cash), une vision sur la dette et son coût. En tant qu’acheteur, prendre un conseil qui effectuera une analyse de Quality of Earnings est nécessaire.

Comparaison de l'EBITDA avec d'autres indicateurs financiers

EBITDA vs EBIT

Les deux indicateurs financiers sont utilisés pour évaluer la performance opérationnelle des entreprises. Ils partagent certaines similitudes, mais ont également des différences importantes qui peuvent influencer leur utilisation dans l'analyse financière. Voici un comparatif détaillé :

Quelles sont les similitudes entre EBITDA et EBIT ?

Comparaison entre entreprises

Comme ils excluent les effets de la structure de financement et des impôts, les deux indicateurs permettent de comparer la performance de différentes entreprises indépendamment de leurs décisions en matière de financement ou de leur charge fiscale.

Valorisation  d’entreprise

Ils sont fréquemment utilisés dans l'évaluation d'entreprises, notamment pour calculer des multiples de valorisation ou pour effectuer des comparaisons sectorielles.

Quelles sont les différences entre EBITDA et EBIT ?

Les D&A

La principale différence entre les deux mesures est que l'EBITDA ajoute la dépréciation et l'amortissement à l’EBIT, ces deux éléments étant exclus du calcul de l'EBIT. L'EBITDA est donc généralement plus élevé que l'EBIT.

Or cette différence est majeure car les D&A dépendent de la politique d’amortissement de la société. Les investisseurs privilégient ainsi l’EBITDA qui est un indicateur neutre.

La capacité d’investissement

Cependant, comme l'EBIT inclut les effets des D&A, il peut donner une meilleure indication de la capacité d'une entreprise à maintenir ou à étendre ses actifs physiques. 

L'EBITDA, en excluant ces éléments, peut parfois donner une image trop optimiste.

Ainsi, l'EBIT est souvent considéré comme plus proche des flux de trésorerie réels par rapport à l'EBITDA, car il prend en compte les D&A qui sont des dépenses non monétaires mais reflètent le coût réel de l'utilisation des actifs.

Les cas d’utilisation 

L’EBITDA est le plus utilisé car ne dépend pas de la politique d’amortissement. Il est ainsi plus fréquemment utilisé dans les industries lourdes en actifs ou celles qui réalisent de grands investissements en immobilisations, comme les télécommunications ou les utilities.

Choisir entre l'EBITDA et l'EBIT dépend de l'objectif de l'analyse financière, du secteur d'activité de l'entreprise, et de la nature de ses actifs et de ses investissements. 

Quelles sont les différences entre EBITDA et EBE ? 

L’indicateur le plus proche de l’EBITDA dans le milieu francophone serait l’EBE (excédent brut d'exploitation)

L'EBITDA et l'EBE sont utilisés pour évaluer la performance opérationnelle des entreprises sans tenir compte des effets de la structure financière et des impôts.

Il existe 3 différences majeures entre ces deux indicateurs : le résultat exceptionnel, la participation aux salariés et les provisions d’exploitation. 

Les principales différences entre EBITDA et EBE sont donc les suivantes : 

  • L’EBITDA inclut les produits et les charges exceptionnelles, ainsi que la participation des salariés. Ces éléments ne sont pas inclus dans l’EBE.

  • A l’inverse, l’EBE tient compte des provisions d’exploitation alors que celles-ci ne sont pas prises en compte par l’EBITDA.

Autres indicateurs (EBITDAR, EBITDAL, EBITDAX, etc.)

Il existe d’autres indicateurs dont l’utilisation qui est plus adaptée dans certaines industries ayant des contraintes spécifiques que l’EBITDA n’est pas en mesure de prendre en compte

On peut en noter trois principaux : EBITDAR, EBITDAL et l’EBITDAX

EBITDAR 

L'EBITDAR (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, Amortization, and Rent) est une variante de l'EBITDA qui exclut également les coûts de location et de location-financement (rent) du calcul des bénéfices.

L'utilisation de l'EBITDAR, qui exclut les coûts de location, est plus spécialisée que celle de l'EBITDA. Cela s'avère particulièrement utile dans des secteurs comme la vente au détail, les hôtels et les compagnies aériennes, où les frais de location sont un facteur clé.

EBITDAL 

L’EBITDAL (Earnings Before Interest, Depreciation, Amortization, and special Loss) contrairement à l’EBITDA prend en compte les pertes exceptionnelles ou spéciales dans son calcul.

Ces pertes sont le plus généralement non-récurrentes et exceptionnelles. On peut par exemple tenir compte d’une catastrophe naturelle (ouragans détruisant une usine), de mouvements sociaux (gilets jaunes détruisant des vitrines) ou d’épidémie (covid qui entraine des coûts supplémentaires). 

EBITDAX

EBIDAX (Earnings Before Interest, Depreciation, Amortization, and Exploration) est une mesure financière utilisée pour exclure certains problèmes comptables et structurels associés aux sociétés d'exploration et de production (E&P) dans l'industrie du pétrole et du gaz, et pour rendre leurs performances financières plus comparables.

Cet indicateur permet d’ajouter de la granularité non présente dans l’EBITDA.

Conclusion

En tant qu'étudiant en finance, vous vous familiarisez avec les concepts fondamentaux qui permettent d'évaluer la performance et la santé financière des entreprises. Parmi ces concepts, l'EBITDA joue un rôle clé voire le plus important.

Maîtriser l'EBITDA est indispensable pour plusieurs raisons :

  • Comprendre la rentabilité d'une entreprise : l'EBITDA offre une vision globale de la capacité d'une entreprise à générer des profits avant prise en compte des éléments comptables, financiers et fiscaux
  • Analyser la performance sectorielle : il permet de comparer les entreprises d'un même secteur en se basant sur un indicateur commun, indépendamment de leurs structures de financement ou de leurs politiques comptables.
  • Évaluer la valorisation d'une entreprise : c'est un élément clé dans l'estimation de la valeur d'une entreprise, souvent exprimé en multiple d'EBITDA.
  • Mesurer la capacité de remboursement de la dette : L'EBITDA est utilisé pour analyser le ratio Dette (nette) / EBITDA, un indicateur important de la capacité d'une entreprise à honorer ses engagements financiers.

L'EBITDA n'est toutefois pas une mesure parfaite. Il ne prend pas en compte les impôts, les intérêts financiers ou les investissements passés, ce qui peut limiter son interprétation.

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